La fratrie : ce lien fondateur souvent oublié… et pourtant si transmissible
- sylvitality13

- 14 juil.
- 3 min de lecture
Et si le lien entre frères et sœurs, ce lien horizontal, intime, et parfois silencieux, était l’un des grands oubliés de la thérapie, du développement personnel et du transgénérationnel ?
Dans une interview sensible et éclairante, Stéphanie Haxhe, thérapeute systémicienne, nous invite à reconsidérer en profondeur le rôle de la fratrie (ou adelphie) dans la construction du soi. Non hiérarchique, non choisi, ce lien est le plus long de notre vie mais aussi souvent le plus ambivalent, le plus douloureux, ou le plus chargé de non-dits. Et s’il n’est pas pacifié, il se rejoue : dans notre couple, dans la parentalité, dans notre rapport à l’autorité ou à la rivalité et même dans les générations suivantes.
Un lien qui ne va pas de soi
Nous avons parfois tendance à considérer que la fratrie « va de soi » : les enfants doivent bien s’entendre, être proches, être unis. Ce mythe d’un lien forcément harmonieux est renforcé par l’idéalisation collective de la fraternité. On en parle comme d’un idéal sacré ou alors comme d’un lieu de conflits inévitables et presque banals.
Pourtant, la fratrie n’est ni l’un ni l’autre. Elle est un lien vivant, qui demande comme tout autre relation : de l’attention, du soin, du travail. Elle ne peut fonctionner durablement sans qu’on y consacre un espace psychique.
Un terrain d’ambivalence et d’apprentissage relationnel
PLa fratrie est souvent notre premier terrain d’apprentissage relationnel horizontal :
On y expérimente la coopération, mais aussi la compétition.
L’amour et la jalousie.
Le partage et l’égoïsme.
L’identité propre et la comparaison.
Pour Stéphanie Haxhe, c’est même l’un des apprentissages majeurs de l’ambivalence :
“On peut aimer et détester. Être proche et avoir besoin de distance. C’est l’apprentissage fondamental de la nuance.”
Ce terrain est d’autant plus structurant que, contrairement au lien avec les parents, la fratrie dure toute une vie. Si elle est douloureuse, incomprise ou marquée par des blessures d’enfance, elle risque de contaminer d’autres relations : dans le couple, au travail, en amitié. Et surtout, elle peut se transmettre.
Un silence qui se prolonge… et se transmet
L’un des points forts de cette réflexion est de montrer à quel point le lien fraternel, lorsqu’il n’est pas travaillé, peut devenir une source de transmission inconsciente. Stéphanie Haxhe explique qu’on sous-estime souvent l’impact de ce qu’on a vécu avec ses frères et sœurs :
On pense que ce qui s’est joué dans l’enfance reste là.
On croit que les conflits ou blessures de fratrie n’affectent pas nos relations adultes.
Pourtant, ce que l’on n’a jamais dit, ce que l’on a enfoui ou intériorisé, continue d’agir en silence.
Et comme pour les autres loyautés familiales, ce non-dit peut se transmettre à la génération suivante. Les enfants héritent alors de tensions ou de répétitions de comportements qui ne leur appartiennent pas directement.
Une invitation à ouvrir l’espace de parole
Ce que propose Stéphanie Haxhe, c’est d’oser ouvrir le dialogue sur la fratrie, aussi bien en thérapie qu’en développement personnel. C’est un appel à :
Revenir sur les dynamiques vécues entre frères et sœurs.
Identifier les injustices, les silences, les places attribuées.
Sortir de la binarité “lien bon / lien mauvais”, pour considérer que même un lien difficile peut devenir un espace de transformation.
Car si la fratrie peut être un lieu de blessure, elle peut aussi redevenir une ressource , à condition d’y mettre de la conscience, de la parole, et parfois, du pardon.
Pour conclure
Dans une vision transgénérationnelle, le lien de fratrie agit comme un miroir : il révèle nos blessures d’enfant, nos mécanismes d’adaptation, nos loyautés invisibles et ce que nous risquons de reproduire si nous ne nous en libérons pas.
Réinvestir cet espace, c’est offrir à nos enfants une histoire moins chargée, une relation plus consciente aux autres et à soi-même.
Et vous ? Qu’avez-vous hérité de votre lien fraternel ?
Et si c’était là que se jouait l’une des clés de votre propre équilibre relationnel ?





